L’Histoire de la construction n’est pas une discipline mais un objet de recherche scientifique de plus en plus sollicité tant sur le plan national qu’international. Elle concerne un objectif intemporel de l’homme, de l’Antiquité à nos jours. Pourquoi et comment réaliser une enveloppe compartimentée pour être ou agir ? Ce questionnement est nécessairement interdisciplinaire. Ainsi, si l’histoire de la construction constitue a priori un champ de l’histoire des sciences et des techniques, elle rejoint inévitablement les sciences humaines et sociales dans leurs aspects les plus variés, sur de multiples terrains, comme œuvre humaine mais dont les contextes économique, juridique, social et politique jouent un rôle déterminant. L’archéologie du bâti se complète par une archéologie de la construction. L’histoire de l’art, et en particulier l’histoire de l’architecture, en crise depuis quelques années, entreprend de s’associer à cette entreprise en choisissant des thématiques nouvelles empruntées à ce champ comme le chantier, les savoirs pratiques, les statuts des professions, etc.

L’histoire de la construction n’est pas que matérielle. Intimement liée à la conception de projet, elle participe aussi de l’immatériel. Elle relève en aval également de réflexions autour de l’homme au travail, des réseaux d’affaires et d’entreprises, et plus, de crédit, de financements, d’investissements, financiers ou idéologiques. Elle commence même à partir du moment où le maître d’ouvrage commande la conception au maçon – il fut un temps – à l’architecte ou à l’ingénieur et se poursuit par l’usage du disegno et la réalisation fonctionnelle du bâti.

Il est possible d’aborder cette histoire de façon encyclopédique :

  • soit de manière diachronique : conception, exécution, entretien/amélioration, patrimoine
  • soit de manière synchronique : processus, acteurs, matériaux.

Mais notre volonté est plutôt de faire évoluer le savoir par l’introduction de questionnements transversaux, innovants, travaillés à partir de sources inédites, croisant des modalités appartenant à des disciplines différentes (les fouilles archéologiques, les archives papiers, les traces orales et dessinées, les savoirs pratiques non écrits, les reconstitutions et modélisations expérimentales, etc.) Les lieux de l’histoire de la construction sont pléthores : de la carrière au chantier en passant par l’usine, de la loge du tailleur de pierre aux bureaux d’études en passant par les locaux de l’entreprise, des agences d’architectes aux salles d’audience des tribunaux, en passant par la table du gestionnaire , l’étude du notaire, le scriptorium des fabriques…

Nous lançons ainsi un appel à toutes les personnes intéressées afin qu’elles proposent un article dans le champ de l’histoire de la construction quelle que soit la période d’étude choisie, de l’Antiquité au monde contemporain. Pour le démarrage de la revue, nous nous bornerons à suggérer des thèmes susceptibles d’ancrer notre réflexion dans une large dialectique séduisante à même de croiser les approches disciplinaires, comme par exemple:

  • Généalogie du champ / discipline
  • La matérialité en histoire de la construction
  • Une vision anthropologique des techniques constructives
  • Les sources multiples du chantier
  • La transmission des savoirs constructifs
  • Acteurs et agents et moyens économiques
  • Construire, entretenir, détruire
  • La propriété et le droit de construire
  • Technique ou science constructive ?
  • La littérature constructive
  • Expertise et partage du savoir technique ou empirique